Chronique – La Jalousie

par Déborah Malka Cohen Alias Junes Davis

Comment gérer la jalousie et les gens jaloux ?

–Mais comment elle est jalouse de toi ! C’est évident !
–Arrête tu-crois !?
–Mais tellement ! Franchement, si tu veux un conseil d’ami éloignes toi de cette personne. Elle ne t’apportera rien de bien.

On peut constater que dans beaucoup de conversation, le mot « jalousie » revient dans bon nombre de conversations. Chaque fois que je l’entends, je ne peux m’empêcher de chanter à mon tour, l’air que ma maman me fredonnait enfant : « La jalousie est une maladie que le Docteur ne peut pas guérir ».

Ma grand-mère Zal’’ rajoutait : « Si quelqu’un a le malheur d’être visé par une personne jalouse, c’est fini pour elle ! Il n’y a rien à faire à part s’en éloigner au plus vite. Aller mange une couronne ma fille et ne me parle plus de celle-là ! »

Plutôt que de prendre une couronne, je préférais croquer dans l’un de ses croquants tout en méditant sur ses sages paroles de femme avertie.

Avec le temps je compris que ma mémé avait bien raison ! Éprouvez de la jalousie a quelque chose de sournois et de mal saint qui peut aller très loin si on ne l’arrête pas à temps ! Avec l’explosion des réseaux sociaux de ces dix dernières années et l’exposition quasi permanente de la vie illustrée de nos amis qui partagent leurs photos à gogo peut réveiller ce sentiment qui sommeille en nous tous. Ce qui est parfaitement humain ! En même temps les gens ne vont pas exposer leurs coups durs ! Pour ma part, c’est vrai que je n’ai encore jamais reçu de selfie d’une copine en pleine dispute avec son mari ! Remarquez ce serait marrant …

Même en étant la personne la moins jalouse de l’univers, voire passer sur son feed d’actualités les dernières photos de vacances de personnes même inconnues, il est quasi normal de ressentir une petite pointe d’envie. Si vous ressentez cette petite pointe tout au fond de votre coeur qui vous rappelle que cela fait plus de deux ans que vous n’avez pas pu partir en vacances, c’est normal ! Cette information a réveillé votre propre manque et il faut en prendre garde !

On peut même comparer l’intensité de ce sentiment à un bouton de volume d’un poste radio que l’on peut augmenter ou baisser. Seulement dans le cas de la jalousie on n’a aucune maitrise ! Pire que ça, si l’on n’essaye pas d’y mettre fin immédiatement c’est comme un incendie dans notre cœur. Notre émotion se transforme en rancœur, en mal être permanent, avec une manière très pessimiste de voir notre vie. Attention à cette pente glissante qui, d’après nos Rabbanim est aussi la source du mauvais œil !

Dans notre magnifique Torah la force terrible de la jalousie a été évoquée à de nombreuses reprises. Il y a eu tout d’abord Caïn et Abel. Caïn, le fils aîné d’Adam et Hava a tué son frère cadet Abel par pure jalousie.

Quand Hahsem avait donné l’ordre aux deux frères de LUI offrir une offrande, le sacrifice d’Abel avait été accepté par Hashem. Celui de Caïn a été refusé. Fâché contre son frère, alors qu’il n’avait absolument rien fait le Miskin, Caïn tua son frère par frustration !

À un autre moment de l’histoire de notre peuple, la jalousie a carrément eu pour conséquence l’Exode de notre peuple en Égypte ! C’est la jalousie envers Yossef que ses frères l’ont jeté dans le puit toute une nuit, pour ensuite le vendre à des marchands d’esclaves qui passaient par leur camp. Comme ils se rendaient en Égypte Yossef a été amené là-bas.

Il y a eu aussi le Roi Shaoül qui vers la fin de son règne a pourchassé le Roi David pour le mettre mort. Sa fureur était si vive que rien ne pouvait l’arrêter. Il était aveuglé par sa rage contre lui car il savait au fond de son âme qu’Hashem était fâché contre lui. Il savait qu’il avait perdu sa connexion avec Hashem et pour y remédier il voulait s’en perdre physiquement à celui qui allait le succéder.

N’empêche il y a quelque chose d’étrange avec tous ces exemples. Nous parlons tout de même de Tsadikims. Des grands hommes en Torah qui ont tous eu le mérite de communiquer directement avec Hashem. Comment est-ce possible qu’ils eussent été piqués par la jalousie ? Comment est-ce possible qu’ils n’ont pas réussi à se contrôler ?

Cela montre ici un aspect de la nature humaine très complexe. On peut être au sommet, tout avoir aussi bien matériellement que spirituellement, mais si on ne remercie pas chaque seconde Hashem de ce que l’on a et de qui on est, peu importe son niveau social, son âge, son niveau d’étude en Torah, on peut être pris au piège par le sentiment de jalousie.

Le Rav Brand affirma très justement dans un cours : « Si je ne savais pas que mon voisin avait de la confiture, je serais très heureux avec du pain et du beurre ! »

S’il est si dur pour l’homme de ne pas éprouver de la jalousie, comment peut-il réussir à respecter le dixième commandement l’enjoignant de ne rien convoiter de ce qui appartient à son prochain ? Pour lutter, il faudrait avoir le courage de se remettre complètement en question en tuant son égo et travailler sa Emouna avec ce raisonnement : « Si Hashem ne m’a pas donné ce travail c’est qu’il n’était pas fait pour moi. Si une autre l’a eu à ma place, c’est qu’il était pour elle. »

Certains iront même affirmer que c’est parce qu’elle le mérite. Perso, au lieu de conclure si cette personne mérite ce job plus que moi, je préfère remercier pour ce que j’ai ! Merci de me permettre de respirer et ainsi chercher le travail qui me conviendra. Merci d’avoir un lit qui va me permettre de me reposer pour trouver un bon travail. Merci de ne pas connaitre la faim, ni la fin… car il faut attendre la fin de l’histoire, de notre histoire, pour comprendre pourquoi à ce moment-là, je n’ai pas obtenu ce job !

Plus on va bosser sur ce sentiment négatif, plus on va le combattre ! Et si on sent qu’une personne est jalouse de nous (Non, vous n’êtes pas une personne extraordinaire rassurez-vous), c’est juste qu’elle a un manque qui a été réveillé à travers votre personne !

Pour être passée par là, le mieux est de vous donner la recette en cinq points pour dompter ce trait de caractère à priori indomptable !

1/ Passer moins de temps sur les réseaux sociaux.

Dès que je commence à ruminer une situation : « J’en ai marre de ce virus ! Moi aussi j’aurais aimé louer une maison dans le Sud pour Pessah », c’est le signal envoyé des cieux pour m’indiquer que j’ai passé beaucoup trop de temps sur les réseaux sociaux. Eh oui il m’arrive de trop liker, ou de trop loucher sur l’exposition de la vie des gens célèbres et moins célèbres, à dépasser grandement la dose recommandée quotidienne ! Dans ces cas-là, je fais une diète de réseaux.

Si les réseaux déclenche des sentiments négatifs c’est qu’il faut les fuir pour un temps.

N’hésitez pas à supprimer carrément les applis de vos portables. Vous réactiverez plus tard vos comptes. Et si on rate les dernières photos de la rhinoplastie d’une copine, tout va bien ! Promis !

2/ Voir le verre à moitié plein !

Nous avons cette fâcheuse et très humaine tendance à voir notre verre de thé à la menthe à moitié vide. On peut même aller jusqu’à regarder envier le verre de l’autre rempli à ras bord avec des tas de pignons qui flottent ! Au lieu de voir tout ce qu’Hachem me donne au quotidien, je préfère loucher vers ce que l’autre possède. Le plus grave dans toute cette affaire c’est que nous pourrons détester l’autre jusqu’à aller carrément lui souhaiter du mal. Avant d’en arriver là, il faut agir pour ne pas aller Has Vé Chalom à envier l’autre, en commençant par contempler la partie de notre verre remplie.

3/ S’éloigner d’une amie qui nous fait trop envie !

Et de ses trois cent sacs de créateurs. C’est vrai après tout, pourquoi se faire du mal !? Si l’on fréquente moins une personne que l’on envie pour x ou y raison, la convoitise n’aura pas lieu. Voir cette amie dans un café une fois tous les six mois, c’est très bien aussi.

3/ Travailler de tout son cœur sa Emouna

Le lire comme ça à travers l’écran cela parait simple mais en réalité c’est vraiment difficile. Il faut beaucoup d’efforts pour arriver à être sincèrement convaincu au plus profond de notre être qu’Hachem donne à chacun exactement ce dont nous avons besoin. Lui Seul dans sa Grandeur et sa largesse infinies sait ce qui est bon pour nous ou non !

4/ Transformer ce défaut en qualité.

Il faut avouer que ce n’est pas joli d’envier l’autre ! Si j’ai eu envie de la maison de telle personne, je dois travailler non pas pour gagner plus et plus et plus pour avoir tout comme elle, mais mon humilité. Car si l’on envie l’autre pour quelque chose nous ne trouverons jamais le repos de l’âme. On trouvera toujours quelque chose à envier. Merci Hashem d’avoir permis à cette personne de vivre dans des bonnes (et de très jolies) conditions. Oui je suis contente pour elle. Si D. veut qu’Hashem lui envoie plus encore. Même si on se force un peu au début, avec le temps la sincérité aura une résonnance dans nos mots et nos pensées et ainsi nous redeviendrons sereins !

Combattre la jalousie c’est toucher de près au bonheur !